Je profite du "Défi de janvier" ("Dry january") pour faire le point sur l'« alcoolisme au féminin », un sujet qui reste tabou.
Deux addictologues, spécialistes de la dépendance de la femme à l’alcool et à d’autres substances psychoactives, expliquent très clairement les ressorts de l’alcoolo-dépendance au féminin, dans deux interviews distinctes à Libération, publiées en 2018 et 2021, dont les liens sont un peu plus bas.
« Les femmes qui boivent et qui ont des problèmes d’alcool ne sont pas celles que l’on croit. On s’imagine plutôt des femmes dans la précarité, ce sont en vérité des femmes très instruites, très diplômées, avec souvent des responsabilités managériales. Cela se manifeste par une alcoolisation seule, souvent le soir, dans un contexte dépressif ou d’ennui. Avec une culpabilité du lendemain systématique. L’alcool est un problème majeur et il est de plus en plus accompagné de cocaïne chez les femmes », explique Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et addictologue, dans une interview à Libération, le 3 janvier 2021, à l’occasion de l’opération « Janvier sans alcool » (« Dry January »).
« Il existe des terrains à risque, des antécédents familiaux ou de traumatismes, liés souvent à des violences sexuelles, physiques ou psychiques », ajoute la spécialiste. En outre, « lorsqu’une femme a un problème d’alcool, elle est vue comme si elle ne pouvait pas se tenir, avec la présence de la notion de désinhibition sexuelle. On s’affole lorsqu’une femme à un problème de produits illicites comme le cannabis, la cocaïne ou les médicaments. Mais on méprise une femme qui boit. Les gens pensent que c’est une question de volonté. Que si elles veulent, elles peuvent. Tout le problème est là. Il ne faut jamais être dans un registre moralisateur ni dans la répression. C’est la raison pour laquelle la première chose qu’elles abordent en consultation est la question de la honte. Elles viennent parfois après quinze ou trente ans d’évolution, avec de très gros problèmes psychiatriques, somatiques, sociaux ou même administratifs », précise la psychiatre. Sarah Coscas, psychiatre responsable de l’unité hospitalisation à Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) , également à Libération en mai 2018 .
« Les femmes ont beaucoup de mal à passer le pas de notre porte. L’image qu’elles peuvent renvoyer aux autres les tracasse beaucoup, peu importe le milieu social dont elles sont issues. Elles se cachent car elles ont honte. C’est légitime parce que la société les juge : les femmes n’ont pas à boire ou si elles le font, c’est avec dignité, sans demander de l’aides aux médecins. Par conséquent, leur prise en charge s’opère beaucoup plus tard que pour les hommes», poursuit la spécialiste.
La question de l’alcool au féminin est d’autant plus importante, que les femmes sont plus vulnérables que les hommes face à l’alcool : elles assimilent moins bien l’alcool que les hommes et souffrent plus rapidement et plus intensément de maladies telles que les cirrhoses et les cancers.
Les femmes réagissent plus vite et plus intensément aux effets de l’alcool que les hommes parce qu'elles pèsent en moyenne moins lourd et ont moins de tissus musculaires, moins de liquide dans l’organisme.
En outre, le cœur pompe le sang à travers tout le corps et donc distribution l’alcool dans tout le liquide de l’organisme. Or, il est de 34 litres en moyenne chez les femmes alors qu’il est de 42 litres chez l’homme.
Par conséquent, à quantités égales, l’alcool sera contenu dans un volume de liquide réduit chez les femmes. Les femmes ont aussi un plus petit foie, ce qui ralentit la décomposition de l’alcool.
Pour aller plus loin je vous invite à consulter sur ce site: hommes vs femmes (aide-alcool.be)
La question se pose de manière plus aigüe quand il s’agit de grossesse, avec un sérieux risque pour le fœtus et le futur nouveau-né.
Prenez soin de vous!
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